Depuis une dizaine d'année au moins des scientifiques essayent d'améliorer la condition des patients atteints de la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson au moyen d'un casque émettant des infra-rouges vers la boite craniène. En général les scientifiques utilisent des LEDs pour pouvoir déterminer si l'amélioration est liée à une longueur d'onde particulière. Les LEDs émettent une lumière monochromatique et cohérentes sur une faible distance, au contraire des lasers qui sont capable d'émettre de la lumière cohérente sur une longue distance ou des lampes dont la lumière n'est pas du tout cohérentes. Cela a suscité un mouvement de patients qui ont assemblé leur propre casque infrarouge avec des lampes ou des LEDs. On peut aussi trouver des casques de ce type sur Aliexpress. Nous nous sommes fait l'écho de ces inovations à plusieurs reprises, mais globalement si amélioration il y a, elle reste minime.
Par ailleurs il y a très peu de scientifiques qui travaillent sur ce sujet. Le plus célèbre est probablement John Mitrofanis. La photobiomodulation est un sujet qui semble toujours un peu sulfureux aux scientifiques et qui en tout cas n'est pas forcément le meilleur sujet pour demander des financements ou faire avancer une carrière. Le doute est d'ailleurs permis, la lumière infrarouge pénètre la boite craniène seulement sur quelques millimètres, alors que le mésencéphale est à plusieurs centimètres à l'intérieur de celle-ci.
On pense que la cible principale de la photobiomodulation est le cytochrome-C-oxydase, qui absorbe la lumière rouge et proche infrarouge.
Le cytochrome-C-oxydase est un grand complexe protéique transmembranaire qui est la dernière enzyme de la chaîne respiratoire de transport d'électrons des cellules, sont importance est donc grande pour la fourniture d'énergie à la cellule (ATP) et en voie de conséquence la génération d'espèces réactive de l'oxygène.
On pense que la photobiomodulation libère des espèces réactives de l'oxygène (ROS) du complexe, favorisant un potentiel accru de membrane mitochondriale, pour augmenter la production d'ATP et pour réguler les voies de signalisation cellulaire en aval via l'ATP, l'AMPc, les ROS, le Ca2+ et l'oxyde nitrique (NO) pour influencer la transcription des gènes. Contrairement à de nombreuses thérapies pharmaceutiques, la thérapie photobiomodulation est exempte d'effets secondaires délétères graves et est non invasive.
Deux essais cliniques de phase I puis II en Australie avait montré l'intérêt de poursuivre cette voie qui est sans danger et semblait montrer des améliorations chez les patients. Un nouvel essai clinique sur la maladie de Parkinson avec des patients portant des casques à LEDs (et non lasers comme largement diffusé dans la presse), aurait montré des "résultats prometteurs", car la thérapie a aidé à "améliorer la fonction motrice" pour les personnes confrontées à la maladie neurologique progressive.
Dans l'étude réalisée en Australie, le nouveau casque de luminothérapie infrarouge sur les patients atteints de la maladie de Parkinson aurait contribué à améliorer l'expression faciale, la coordination et les mouvements des membres supérieurs, la coordination et les mouvements des membres inférieurs, la marche et les tremblements. Il faut toutefois noter que certains des investigateurs principaux sont les fondateurs et les conseillers scientifiques de SYMBYX Pty Ltd., une société de dispositifs médicaux qui développe notamment le casque testé dans cet essai clinique.
Il est possible d'acheter ce casque sur le site de la société, mais il est difficile de ne pas penser aux modèles disponibles sur Aliexpress dont certains ne semblent guère différents. Par ailleurs la vente de produits médicaux est réglementé et il semble douteux que la vente de cet appareil soit légale dans nos contrées. https://symbyxbiome.com/products/symbyx-neuro
Ce casque se compose de 40 diodes qui délivraient 12 min de lumière rouge (20 LED × 635 nm) suivies de 12 min de lumière infrarouge (20 LED × 810 nm). Un total de 37,44 et 19,44 joules ont été délivrés à partir de chacune des 20 diodes, fournissant un total de 1137 joules administrés à chaque session. Le faux appareil était identique mais ne délivrait pas d'infrarouge. Il a été dit au groupe fictif que la lumière était infrarouge et ne pouvait pas être vue.
Un point qui étonne dans les résultats de cette étude clinique c'est qu'à la fois le groupe ayant reçu le traitement et le groupe de contrôle ont démontré une amélioration de leur condition!
L'objectif de cette étude était d'analyser l'innocuité et l'efficacité du photobiomodulation pour les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson. Le casque irradiait donc le mésencéphale.
L'étude était un essai contrôlé par placebo randomisé en triple aveugle avec deux groupes de 40 patients atteints de maladie de Parkinson idiopathique recevant soit une photobiomodulation active (635 nm plus 810 nm LED) soit une photobiomodulation fictive pendant 24 minutes par jour pendant deux mois. Les critères de jugement principaux étaient la sécurité du traitement et un score amélioré de l'évaluation MDS-UPDRS-III (domaine moteur) en 37 items évalué au départ et à 12 semaines.
L'échelle d'évaluation unifiée de la maladie de Parkinson (MDS-UPDRS) comprend 50 questions des symptômes moteurs et non moteurs associés à la maladie de Parkinson. Ce questionnaire comprend quatres parties: Partie I : expériences non motrices de la vie quotidienne Partie II : expériences motrices de la vie quotidienne Partie III : examen moteur Partie IV : complications motrices
Le traitement n'a provoqué aucun problème de sécurité ou événement indésirable, à l'exception d'étourdissements temporaires et mineurs occasionnels. Il n'y avait pas de différence significative dans les scores totaux MDS-UPDRS-III entre les groupes, probablement en raison de l'effet placebo.
Comme presque toujours quand un essai clinique échoue, les responsables essayent de démontrer qu'un sous groupe de patients a obtenu un réel bénéfice. Cela peut être valide statistiquement pour des essais cliniques sur le cancer où un essai de phase III enrôle jusqu'à plusieurs milliers de participants et dure plusieurs années. Par contre celà n'a aucun sens pour les maladies neurodégénératives où le nombre de patients est généralement inférieur à 500, et encore plus içi où il n'y a que 40 patients et une durée de deux mois.
Cela n'empêche pas l'un des auteurs, Geoff Herkes, de déclarer: "C'est la première fois qu'il y a vraiment des preuves chez les patients atteints de la maladie de Parkinson que cette thérapie fonctionne". Ainsi que: "Nous sommes encore loin d'un remède, mais c'est un pas vers l'amélioration de la fonction motrice. Ce sont des résultats prometteurs."
Mais c'est vrai que ces déclarations sont bien plus mesurées que celles sociétés pharmaceutiques et de patients de la SLA qui déclaraient avoir été soignés et se montraient, preuve à l'appui, dans des salles de gymnastiques (images incongrues et tellement fascinantes pour les patients de la maladie de Charcot) alors que les essais cliniques en question avaient finalement échoués.
Les paris financiers dans les biotechs sont énormes et débouchent souvent sur des comportements non-éthiques quand ils sont infructueux.
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