La sclérose en plaques, une étiologie encore incertaine
La sclérose en plaques est une maladie dont les causes restent inconnues. À l'heure actuelle, il n'y a aucun espoir de guérison. La sclérose en plaques peut provoquer des symptômes tels que fatigue, manque de coordination, problèmes de vision, troubles cognitifs et changements d'humeur.
Le rôle des lymphocytes B dans la sclérose en plaques
Bien que l'on pense généralement que les lymphocytes T proinflammatoires soient à l'origine du développement de la SEP, de nombreux éléments ont récemment mis en évidence le rôle clé joué par les lymphocytes B dans sa pathogenèse. L'administration de thérapies anti-lymphocytes B, sous la forme d'anticorps monoclonaux (AcM) anti-CD20, a en effet permis de réduire l'activité clinique et radiologique de la maladie chez les patients atteints de SEP récurrente-rémittente (RR) et progressive.
ll existe sur le marché des médicaments comme notamment Ocrevus de Roche. Novartis est actuellement en phase III d'essais d'Arzerra (ofatumumab), un médicament qui élimine les lymphocytes B en se liant à la protéine de surface CD20. Arzerra est approuvé pour traiter la leucémie lymphoïde chronique, mais Novartis est à la recherche d'une plus grande opportunité sur le marché. En septembre, Novartis a publié de nouvelles données de phase III montrant qu'Arzerra réduisait les taux de rechute de SEP de plus de 50% par rapport à Aubagio de Sanofi.
Qu'apporte la nouvelle publication?
Dans le sang périphérique de patients atteints de SEP, des données indiquent la présence d'un axe sang-système nerveux permettant l'infiltration de lymphocytes B dans le système nerveux central dans la SEP. Les voies physiologiques et les acteurs moléculaires impliqués dans ce processus sont toutefois inconnus.
Dans des conditions normales, la barrière hémato-encéphalique protège le cerveau de l'auteur de l'exposition à des éléments nocifs. Par exemple, elle empêche les cellules du système immunitaire, telles que les lymphocytes, d’envahir le système nerveux central, cependant, chez les personnes atteintes de sclérose en plaques, cette barrière est perméable. Un grand nombre de lymphocytes parviennent à migrer dans le cerveau et y détériorent les tissus (par la destruction de la gaine de myéline qui protège les neurones et permet la transmission de l'influx nerveux).
Une nouvelle cible pour lutter contre les lymphocytes B
Les scientifiques du Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM) ont identifié une nouvelle cible qui, selon eux, pourrait être exploitée pour ralentir le flux de cellules B dans le cerveau des personnes atteintes de SP. Ils ont rapporté la découverte dans la revue Science Translational Medicine.
Ces chercheurs ont découvert que les cellules B produisent une substance appelée molécule d’adhésion des cellules leucocytaires activées (ALCAM) qui leur permet de migrer dans le cerveau par les vaisseaux sanguins. Le blocage d’ALCAM dans des modèles murins de sclérose en plaques réduirait le flux de cellules B dans le cerveau et ralentissait la progression de la maladie, ont-ils rapporté.
Au cours de la neuroinflammation, les leucocytes pathogènes du sang périphérique utilisent différentes molécules de trafic pour franchir la barrière hémato-encéphalique (BBB) ou la barrière hémato-méningée (BMB).
Faisant suite à leur observation précédente, selon laquelle les lymphocytes B ex vivo expriment ALCAM, les auteurs ont cherché à étudier son rôle dans la médiation de leur trafic dans le SNC dans la SEP. Ils ont démontré qu'ALCAM est fortement exprimé sur les lymphocytes B humains présentant des phénotypes mémoire, effecteur et proinflammatoire.
In vitro, les scientifiques ont démontré qu'ALCAM favorise l'interaction des lymphocytes B avec les cellules endothéliales de BBB de souris. In vivo, les scientifiques ont constaté que le blocage d’ALCAM entrave le trafic de lymphocytes dans le système nerveux central, en particulier dans les vaisseaux sanguins méningés, et réduit la gravité de la maladie.
Les auteurs ont aussi montré que ALCAM intervient dans la migration des lymphocytes B dans des cultures primaires de cellules de barrière hémato-encéphalique et de barrière hémato-méningée de souris. Chez les patients atteints de SEP, l'expression de ALCAM sur les lymphocytes B augmente dans le sang périphérique, mais elle est également régulée positivement sur les lymphocytes B infiltrant les lésions, prélevés sur un cerveau atteint de la sclérose en plaques, nouvellement autopsié. Les auteurs ont donc identifié ALCAM comme une cible thérapeutique précieuse pour le traitement des troubles inflammatoires du SNC liés aux lymphocytes B.