Des scientifiques du Medical College of Georgia rapportent dans la revue Aging Cell que peu de temps après le choc hémorragique, une population de cellules hépatiques devient rapidement sénescente. La sénescence cellulaire est un processus dans lequel les cellules entrent dans un état d'arrêt stable du cycle cellulaire. Les cellules, si elles attirent l'attention du système immunitaire, sont éliminées par les macrophages. On sait maintenant que la sénescence peut être déclenchée ou accélérée par un stress excessif.

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Mais, parce que les cellules sénescentes sont moins consommatrices d’énergie, la sénescence cellulaire peut aussi rendre ces cellules beaucoup moins vulnérables aux dommages irréparables, comme ceux qui peuvent résulter d'une perte dramatique de sang et d'oxygène. Les auteurs de l’article ont émis l'hypothèse qu’une lésion aiguë causée par un choc hémorragique au niveau du foie pourrait conduire à un développement rapide de la sénescence in vivo et que cette sénescence serait un mécanisme d’adaptation au traumatisme.

Pour savoir si le mouvement rapide de certaines cellules hépatiques vers la sénescence pour était bon ou mauvais, les auteurs ont administré une association de produits sénolytiques (dasatinib et quercétine) à ces rats qui venaient de subir un traumatisme hépatique.

L’association dasatinib + quercétine a été testé avec succès chez la souris et l'homme et permet d’éliminer les cellules sénescentes. De façon contre-intuitive, les cinq animaux ayant reçu Dasatinib + Quercetin, sont décédés au cours de la période d'observation de deux heures. Ce résultat suggère donc que l'induction d'une sénescence aiguë peut être un processus d’adaptation en cas de choc hémorragique.

Les scientifiques se sont demandé s’il n’y avait pas d’autres explications, par exemple les dasatinib et la quercétine auraient pu induire le décès des animaux. Cependant, lorsque les scientifiques ont donné des sénolytiques à des rats en bonne santé, ceux-ci n’en ont pas souffert.

Les scientifiques voulaient savoir si l'administration d'un cocktail médicamenteux améliorant la fonction des organes diminuerait l'émergence des cellules sénescentes dans le foie. Les auteurs ont traité des rats avec NiDaR (niacine, dichloroacétate et resvératrol), une combinaison de médicaments qui améliore la fonction des organes et la survie après une blessure de choc hémorragique. Le traitement NiDaR après un choc hémorragique n'a cependant pas inhibé l'émergence d'un processus moléculaire semblable à la sénescence dans le foie. Les scientifiques ont découvert que la population cellulaire qui émerge avec ce traitement était essentiellement la même que celle sans traitement NiDaR.

Raju et ses collègues soupçonnent que la transition rapide vers la sénescence qui s'est produite dans une population de cellules hépatiques était une tentative de stabilisation après le traumatisme, et probablement transitoire. Ils pensent que si les cellules passent immédiatement à un état sénescent, elles peuvent aider à prévenir la défaillance des organes.

Ces travaux tendent à montrer que la sénescence cellulaire peut se développer en quelques heures après une lésion tissulaire, et que les cellules sénescentes qui émergent, loin d’être préjudiciables, font au contraire partit du processus de guérison.


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