Création d'un neurone moteur en laboratoire

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Ceci est un post très court à propos d'un développement d'une thérapie dans un lointain futur concernant les blessures voire le sectionnement de la moelle spinale, mais sur ce blog c’est ce que cela pourrait impliquer pour les patients ayant une SLA qui nous importe. enter image description here Si dans la SLA/Maladie de Charcot les neurones moteurs meurent (ce dont je ne suis pas sûr 1), alors la seule solution est de les remplacer. Pour l’instant c’est impossible pour au moins deux raisons : 1. Cela implique de recréer le faisceau cortico-spinal à l’intérieur de la colonne vertébrale. 2. Il n’est pas envisageable actuellement d’accéder simultanément à l’intérieur des multiples vertèbres qui composent la colonne vertébrale.

Un progrès concernant le premier point vient d’être accompli. Il s’agit de recréer in-vitro un neurone moteur et de diriger la croissance de son axone dans une direction préférentielle. enter image description here C’est un progrès conséquent de l’état de l’art. Par contre ce neurone moteur ne s’est pas connecté via des synapses à d’autres cellules comme d’autres neurones moteurs, des interneurones ou des cellules de fibres musculaires. Il ne s’agit que d’un seul neurone, très court, pas des milliers de neurones moteurs long jusqu'à un mètre, qui composent la moelle spinale. De plus des neurones qui ne seraient pas accompagnés par une multitude de cellules non-neuronales (astrocytes, oligodendrocytes, etc..), mourraient rapidement. Enfin dans la moelle spinale il n’y a pas que des neurones moteurs.

On est donc loin d’un remplacement des neurones moteurs de la moelle spinale, mais c’est un progrès intéressant dans cette direction.

(1) Je crois qu'ils sont plutôt dans une sorte de stase cellulaire qu'on appelle "réponse au stress cellulaire". En tout cas plusieurs médicaments sont actuellement en cours de développement qui adressent ce stress cellulaire. Il y a aussi des cas de rémissions, au moins temporaires, qui sont inexplicables si les neurones moteurs meurent.

La restauration du métabolisme du glucose dans la maladie d’Alzheimer

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Pour ce blog, je recherche plutôt des articles scientifiques récents concernant des résultats sur des humains, les essais sur des animaux modèles n'étant quasiment jamais transposables aux humains. Dans les maladies neurodégénératives il n'y a quasiment aucun essai clinique ayant montré une régression des symptômes. Actuellement il y a un fort lobbying des acteurs de l'industrie pharmaceutique et des milieux universitaires pour faire dépendre la définition des maladies de marqueurs techniques plutôt que des symptômes cliniques.

La maladie d'Alzheimer est souvent liée à l'âge, et caractérisée par une perte progressive et irréversible des neurones, à la fois des corps (soma) des neurones et des appendices comme l 'axone et les synapses. La cause de cette dégénérescence est encore inconnue, quoique l'industrie pharmaceutique et le nombre d'académiques pensent que cette destruction est due à des peptides comme les bêta-amyloïdes, ou/et la protéine Tau ou encore TDP-43, comme dans la SLA et la FTD ou encore l'alpha-synucléine comme dans la maladie de Parkinson. La majorité des études n'étudie aussi que les neurones comme si nous étions toujours en 1980. Personnellement je crois plutôt, comme l'affirme un certain nombre d'études, qu'en vieillissant nous développons un ensemble de commorbidités. Quand nous sommes arrivés à 70 ans, nous avons tous un peu de maladies d'Alzheimer et de Parkinson.

Une nouvelle étude académique semble aller dans ce sens, mais évidemment elle est faite sur des modèles de souris de la maladie et pas sur des humains.

Pour les auteurs, une certaine molécule, IDO1, provoque un cercle vicieux de déclin du soutien du métabolisme cérébral du glucose par la production de marqueurs, amyloïdes β et tau chez les sujets atteints de la maladie d'Alzheimer. Les auteurs pensent que ces marqueurs amyloïdes β et tau perturbent à leur tour le métabolisme des astrocytes et de la microglie, c'est-à-dire des cellules non neuronales qui représentent 20 % du volume total, en accroissant la production d'IDO1. enter image description here Ces cellules, contrairement aux neurones, ressemblent plus à leurs consoeurs du reste du corps à la fois par la morphologie et la durée de vie. A l'inverse un neurone est caractérisé par un ou plusieurs appendices dendritiques et axonaux et ne se reproduisent pas. Les neurones ont besoin des astrocytes et de nombreux autres types de cellules pour survivre.

Les astrocytes produisent notamment du lactate qui est exporté vers les neurones pour alimenter la respiration mitochondriale et soutenir l’activité synaptique. Ce processus est connu sous le nom de navette lactate astrocytes-neurones (ANLS). Il s'agit d'une voie métabolique par laquelle les astrocytes absorbent le glucose de la circulation sanguine, le métabolisent en lactate, puis le libèrent dans l'espace extracellulaire. Les neurones peuvent alors absorber ce lactate et l'utiliser comme source de carburant pour leurs besoins énergétiques.

Ce processus est particulièrement important pendant les périodes de forte activité neuronale, lorsque les neurones nécessitent un apport d'énergie rapide et soutenu. La monnaie énergétique des cellules est l'ATP. L'ATP est produit par les mitochondries des cellules à partir du glucose. Le glucose pénètre dans la membrane cellulaire lorsque les récepteurs cellulaires détectent l'insuline. Les neurones absorbent le glucose du sang, mais ils le font moins efficacement que les astrocytes. La navette lactate astrocyte-neurone contribue à garantir que les neurones disposent du carburant nécessaire pour maintenir leur fonction.

Les scientifiques suggèrent que l'indoleamine-2, 3-dioxygénase 1 (IDO1), une enzyme exprimée dans les astrocytes et dans de nombreux troubles neurodégénératifs, dont la maladie d'Alzheimer, est une molécule clé dans ce processus.

  • L'IDO1 peut favoriser la neuroinflammation qui augmente la production de bêta-amyloïde
  • L'IDO1 est une enzyme qui catalyse la dégradation de l'acide aminé tryptophane. Le tryptophane produit la sérotonine qui est un neurotransmetteur. En tant que neurotransmetteur, la sérotonine peut influencer l'activité des synapses, les jonctions entre les neurones, car les neurones libèrent davantage de neurotransmetteurs lors de la transmission synaptique, ce qui peut déclencher des voies de signalisation favorisant la production de bêta-amyloïde.
  • IDO1 peut contribuer à la neuroinflammation chronique. La neuroinflammation a été associée à une augmentation de la phosphorylation de la protéine tau.

Dans le cerveau, l'IDO1 est exprimé dans les astrocytes et la microglie, ces cellules en support des neurones, mais pas dans les neurones. Bien que l'IDO1 ne participe pas directement à la voie ANLS, il joue un rôle crucial dans la régulation de l'environnement métabolique global du cerveau. La dégradation du tryptophane produit également de la kynurénine. La kynurénine peut stimuler la production de facteurs neuroprotecteurs, tels que le BDNF (facteur neurotrophique dérivé du cerveau). Ces facteurs peuvent aider à protéger les neurones contre les dommages et favoriser leur survie. En régulant les niveaux de tryptophane et de ses métabolites, IDO1 peut influencer indirectement le métabolisme équilibre du cerveau, y compris la disponibilité du glucose et du lactate.

Les auteurs rapportent que l'inhibition de l'IDO1 et la production de kynurénine sauvent la plasticité synaptique dans l'hippocampe et la fonction de mémoire dans les animaux modèles de pathologie amyloïde et tau en rétablissant le soutien métabolique astrocytaire des neurones. Au contraire l'activation de l'IDO1 dans les astrocytes par les oligomères amyloïdes β et tau, augmenterait le kynurénine et supprime la glycolyse (la transformation du glucose en ATP) d'une manière dépendante de l'AhR.

L’inhibition pharmacologique de l’IDO1 restaurerait la glycolyse astrocytaire et la production de lactate. Chez les souris APPSwe-PS1∆E9 et 5XFAD productrices d’amyloïde et chez les souris P301S productrices de tau, l’inhibition de l’IDO1 améliore le glucose de l’hippocampe et restaure la mémoire spatiale. Cette affirmation est assez surprenante : Lors de la maladie d'Alzheimer, une partie conséquente du cerveau meurt et disparaît, comment la mémoire pourrait-elle être restituée ?

Le blocage de l’IDO1 sauve également la potentialisation hippocampique à long terme d’une manière dépendante du transporteur de monocarboxylate, ce qui suggère que l’activité de l’IDO1 perturbe le soutien métabolique astrocytaire des neurones. En effet, l’IDO1 régule la production de lactate par les astrocytes qui est ensuite absorbé par les neurones humains. Dans les cocultures d'astrocytes et de neurones issus de sujets atteints de la maladie d'Alzheimer, la production déficiente de lactate des astrocytes et son transfert vers les neurones ont été corrigés par l'inhibition de l'IDO1, ce qui a permis d'améliorer le métabolisme neuronal du glucose.

Il se trouve que des inhibiteurs de l’IDO1 pénétrants dans le cerveau ont déjà été développés comme traitement d’appoint contre le cancer, ils pourraient donc être réutilisés pour traiter des maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer. A tout le moins cela veut dire qu'une phase II pourrait être démarrée rapidement si un financement est trouvé.

Cette étude suggère également qu'en plus de la maladie d'Alzheimer, la manipulation de l'IDO1 peut être pertinente pour la démence de la maladie de Parkinson, qui est caractérisée par une accumulation d'amyloïdes en plus de l'α-synucléine, ainsi que pour le grand spectre des tauopathies. Il est possible qu'un métabolisme astrocytaire déficient du glucose puisse également être à l'origine d'autres maladies neurodégénératives caractérisées par l'accumulation d'autres protéines mal répondues où des augmentations des métabolites de la voie de la kynurénine ont été observées.

En effet, des états dysfonctionnels d’étapes distinctes de la voie de la kynurénine ont été décrits dans de nombreux troubles neurologiques.

ALS et exercice physique

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S'il y a quelque chose de controversé à propos de la SLA (maladie de Charcot/Lou Gehrig), c'est la pratique d'une activité physique comme moyen de ralentir la progression de la maladie. Il y a quantité de témoignages contradictoires sur Internet. Cette confusion est engendrée par de multiples facteurs.

Le premier c'est peut-être que les médecins comme Charcot ont eu tort d'appeler d'un nom commun "SLA", un ensemble de maladies aux symptômes similaires. Au fur et à mesure de la progression de nos connaissances, et notamment face à l'absence de moyen de diagnostic indiscutable et après la découverte de multiples problèmes biologiques menant à ce type de maladie (mutations dans SOD1, FUS, C9orf72, TDP-43), agrégations de protéines malformés, diversité de phénotypes (spinal, bulbaire), durée de vie après diagnostic allant de 6 mois à 20 ans, les scientifiques auraient pu réviser cette catégorisation faite il y a 150 ans. enter image description here Il y a aussi quelque chose de fondamentalement contre-intuitif, voire obscène, dans l'idée que pour ralentir la progression d'une maladie caractérisée principalement par la perte intense de masse musculaire, il faudrait faire davantage d’exercice physique. Pourtant on sait que chez des sujets sains l'absence de mouvement pendant quelques jours à la suite d'un alitement, fait fondre spectaculairement la masse musculaire et qu'il faut des semaines pour retrouver le niveau antérieur de masse musculaire.

Plusieurs études ont documenté une incidence plus élevée et un diagnostic de la SLA à un âge plus précoce chez les athlètes de haut niveau. Plusieurs études ont suggéré que les personnes ayant un mode de vie actif et une masse grasse corporelle réduite ont un risque accru de développer la SLA. Il semble avéré qu'une activité physique fréquente et intense favorise l'apparition de la SLA, en particulier chez les patients ayant un contexte génotypique prédisposant comme l’expansion de C9ORF72.

Des études récentes ont tenté de répondre à cette question, pour comprendre si l’activité physique pouvait être considérée comme un facteur dans l’étiologie de la SLA. enter link description here

Un entraînement régulier d'intensité modérée réduit le stress oxydatif, diminue les niveaux de marqueurs inflammatoires chez les personnes âgées, aide à préserver la forme cardiovasculaire et la fonction cérébrale et protège les individus des effets négatifs du stress sur le vieillissement cellulaire.

Cependant, un entraînement physique intense génère des niveaux élevés de molécules réactives de l'oxygène (ROS) qui sont connues pour provoquer un stress oxydatif.

Les mitochondries sont le principal site de production de ROS, tout simplement parce que les mitochondries sont les organelles qui oxydent le glucose (il y a d'autres possibilités comme les lipides) qui a pu rentrer dans la cellule quand les récepteurs de celle-ci ont détecté la présence d'insuline dans le milieu intercellulaire. Le résultat de cette oxydation du glucose est une molécule nommée ATP, qui est une sorte de réservoir d'énergie qui est utilisé pour les différents processus interne à la cellule. Cette oxydation du glucose est un phénomène complexe qui produit des déchets dangereux, les fameuses espèces réactives de l'oxygène ROS, quand ils ne sont pas éliminés rapidement.

L'altération du métabolisme représente un événement précoce dans la SLA, il entraine une perte de poids et une masse grasse réduite, une altération de la gestion du glucose et des lipides et une augmentation des dépenses énergétiques au repos.

En conséquence, une teneur accrue en lipides alimentaires offre une neuroprotection et prolonge la survie, tandis que la restriction de l'apport calorique exacerbe les symptômes moteurs de la SLA.

Il a été largement démontré que la survie est meilleure chez les personnes ayant un IMC de l'ordre de 27 (surpoids). Il y a d'ailleurs sur ce site un calculateur de calorie pour personnes ayant la SLA:enter link description here

Bien entendu c'est un challenge extrême pour les malades de la SLA de manger davantage: Manque d'appétit, problèmes de déglutition, choix et attrait de nourritures de qualité alors que celles-ci doivent souvent être mixées.

Le passage du métabolisme vers l'utilisation des lipides précède la dénervation de la jonction neuromusculaire dans les modèles murins. Il est remarquable que l'administration de dichloroacétate (DCA), un acide organique halogéné, force le métabolisme vers l'oxydation du glucose, permet ainsi de contrebalancer le déséquilibre métabolique. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22509356/

Au vu de ces résultats, on s'attend à ce que des exercices physiques spécifiques déplacent le métabolisme énergétique musculaire soit vers un modèle lipidique, en cas d'exercice de faible intensité, soit vers un métabolisme glycolytique, en cas d'exercice de haute intensité. Bien entendu un exercice de haute intensité est le plus souvent impossible pour un malade de la SLA, ce qui fait qu’une solution médicamenteuse serait un préalable à la tenue d’exercise.

Chez les patients atteints de SLA, divers protocoles d’entraînement ont été proposés pour évaluer leurs effets bénéfiques potentiels.

Plusieurs protocoles d'exercices ont été testés chez des patients atteints de SLA et des modèles murins de la maladie. Outre les effets neuroprotecteurs exercés par toute activité physique, les protocoles basés sur la natation ont montré les résultats les plus positifs chez les souris.

En particulier, le protocole basé sur la natation a entraîné une augmentation remarquable de la durée de vie (chez les souris), et était associé à des changements dans le métabolisme énergétique des muscles squelettiques. Bien que la natation soit suggérée comme un type d'exercice avantageux dans de nombreux troubles neurologiques, son rôle bénéfique n'a pas encore été validé expérimentalement chez les patients atteints de SLA.

Dans l'ensemble, l'entraînement en endurance avec un soutien supplémentaire tel que la ventilation ou le soutien calorique à un IMC de surpoids semble avoir des effets positifs sur la capacité respiratoire, la fonctionnalité et la performance physique chez les patients atteints de SLA.

Ces études indiquent malheureusement que si l’entraînement en résistance augmente la force, la puissance et la vigueur musculaires, cela ne ralentit pas la progression de la maladie.

Ce poste consiste en une traduction et adaptation d’un article en anglais très intéressant montrant les difficultés à mener un essai clinique. Il s’agit de cet article :

Introduction

La sclérose latérale amyotrophique, communément appelée maladie de Charcot en France, est une maladie neurologique grave caractérisée par la dégénérescence des motoneurones. Bien que la cause ultime du décès soit due à une insuffisance des muscles respiratoires, les manifestations cliniques sont très hétérogènes, avec une distinction anatomique entre une forme bulbaire, plus rare mais à la progression rapide et une autre forme appelée spinale ou rachidienne à la vitesse de progression plus lente.

Des études suggèrent l'implication de nombreuses voies cellulaires associées à cette maladie. Cependant, il reste difficile de déterminer si l’altération de ces mécanismes provoque la maladie ou s’il s’agit seulement de conséquences de celle-ci. Une origine génétique de la maladie est cependant à l’origine d’environ 10 % des cas de SLA dites « familiales », mais on ignore la cause de l’apparition de la maladie chez la plupart des patients (SLA sporadique) et il est possible cela soit dû à de multiples facteurs, certains biologiques, d’autres environnementaux.

Étant donné le grand nombre de voies cellulaires potentiellement impliquées dans la SLA, il n'est pas surprenant que de nombreuses études scientifiques cherchent de nouvelles thérapies contre la SLA. Cependant, malgré ces nombreux efforts la plupart des essais cliniques menés au cours des trois dernières décennies n’ont pas réussi à démontrer l’efficacité de l’une de ces thérapies dans le cas de la SLA sporadique. Actuellement, un seul médicament – ​​le riluzole – a été approuvé par les autorités réglementaires du monde entier, et peu d'autres sont à un stade avancé de développement.

Un livre blanc a été récemment publié par un groupe international d'experts comprenant des universitaires, des industriels et des représentants de patients, pour tirer les leçons de l'expérience et faciliter la traduction de la découverte de médicaments en développement clinique. Ce document propose un cadre de principes, allant de la compréhension des bases moléculaires de la maladie à la médecine expérimentale en passant par la découverte de médicaments. La possibilité de réutilisation des médicaments fait partie de ces pistes, même si cela peut s'avérer difficile. Enfin, le manque de biomarqueurs bien validés pour soutenir la découverte et le développement de médicaments est identifié comme une lacune importante dans la SLA, entravant une évaluation rapide de l'engagement et de l'efficacité des cibles dans les études précliniques et cliniques.

Nous examinons ici une étude de cas italienne basée sur la réutilisation d'un médicament à base de guanabenz, un ancien agoniste des récepteurs adrénergiques alpha-2 approuvé par la FDA, qui a été testé dans un essai clinique de phase 2 mené chez des patients atteints de SLA.

Il s’agissait d’une étude pilote académique principalement soutenue par la Fondazione Italiana di Ricerca per la Sclerosi Laterale Amiotrofica (AriSLA), l’agence de financement italienne dédiée à la recherche sur la SLA à la suite d’un de ses appels compétitifs à projets de recherche. La conception de l'essai était basée sur 4 branches, testant 3 doses différentes de guanabenz par rapport à un placebo, avec l'efficacité et la sécurité comme critères d'évaluation. Il ne s’agissait pas encore d’une étude de phase III qui a le double but de valider l’efficacité pour une dose déterminée.

Bien que l'étude ait confirmé l’efficacité des 2 doses de traitement les plus élevées chez les patients présentant un début bulbaire, un développement clinique ultérieur n'a pas pu être poursuivi pour plusieurs raisons brièvement évoquées ci-dessous.

De la validation préclinique de cibles à un essai clinique de phase 2

Le cycle de vie d’une protéine commence par la création d’une première version dans les ribosomes à partir de l’ARN messager. Les ribosomes sont de petits vésicules « accrochés » à une structure en forme de mille feuille nommée le réticulum endoplasmique (RE). Celui-ci à pour rôle de replier les nouvelles protéines et quand cette tâche est achevée, une autre structure, l’appareil de Golgi, envoi cette protéine là où elle doit assurer son rôle fonctionnel. Les attaques de pathogènes, l’absence de nutriment ou divers dérèglements liés à l’âge génèrent ce qu’on appelle le stress du réticulum endoplasmique (RE) et la cellule déclenche alors un mécanisme de protection appelé la réponse protéique dépliée (UPR) qui inhibe la production des protéines dans les ribosomes, en quelque sorte pour permettre un nettoyage de la chaîne de production de protéines. Il y a une certaine analogie avec une plante à qui on ne fournit plus d’eau et qui flétrit.

  • Si cette période de stress dure peu de temps, le déclenchement de l'UPR permet à la cellule de revenir aux conditions physiologiques normales (si on redonne de l’eau à la plante, elle se revivifie).
  • Dans des conditions de stress prolongées, d’autres mécanismes sont déclenchés, (la phosphorylation de eIF2α), ce qui provoque une réduction du flux de protéines à travers le réticulum endoplasmique. Quand les conditions normales sont revenues la cellule active un nouveau signal (PPP1R15A), qui restaure une production normale de protéines suivie d’un recyclage de celles-ci quand leur rôle est achevé. Un état de stress prolongé du réticulum endoplasmique est dangereux car cela signifie que les protéines non repliées « stationnent » à l’entrée du RE sans y être traitées et ces formes non repliées sont dangereuses (diffusion « de type prion »).
  • Si les conditions de stress ne sont pas résolues, l’UPR conduit au suicide de la cellule (l’apoptose) ou à sa dégénérescence. Il a été démontré que le stress persistant contribue à la neurodégénérescence à la fois dans des modèles animaux et dans des cellules dérivées de patients atteints de SLA sporadique ou familiale.

Le rôle clé de PPP1R15A a été suggéré par des études montrant que son inactivation génétique entraînait une augmentation significative de la survie des souris SOD1G93A et SOD1G85R.

Il a été démontré que Guanabenz, un ancien agoniste des récepteurs alpha-2-adrénergiques utilisé comme médicament antihypertenseur, module la production (la trancription) de PPP1R15A et réduit l'activité du complexe eIF2α phosphatase. Cette réduction entraîne une réduction de la surcharge des ER à la fois dans les cultures cellulaires in vitro et dans les études in vivo sur des animaux modèles de la SLA.

Guanabenz module également le repliement des ribosomes, réduisant ainsi la propagation de type prion dans les animaux modèles de type levure, de drosophile et de souris.

L’ensemble de ces éléments in vitro et in vivo suggère que la voie UPR pourrait constituer une cible thérapeutique potentielle pour la SLA et fournissent une justification solide pour envisager la réutilisation du guanabenz dans la SLA.

L’essai « ProMISe »

Un essai de phase II dans plusieurs centres hospitaliers (multicentrique), randomisé, en double aveugle, a alors été conçu et développé afin de tester l'efficacité et l'innocuité du guanabenz chez des patients atteints de SLA. La conception de l'étude était basée sur 4 branches (rapport 1:1:1:1), avec 3 doses différentes de guanabenz : 16, 32, 64 mg deux fois par jour plus 100 mg de riluzole par jour versus 100 mg de riluzole par jour seul (placebo). La branche placebo était uniquement destinée à comparer l’innocuité et la tolérabilité.

L’étude était basée sur une méthode statistique nommée « hypothèse nulle ». Dans cette méthode on cherche à savoir si une hypothèse d’un effet bénéfique du médicament est crédible du point de vue statistique. On dit que l’hypothèse d’un effet bénéfique est futile, si on n’arrive pas à démontrer cet effet.

L'hypothèse nulle de l'étude était que le guanabenz réduirait d'au moins 35 % la proportion de patients ayant progressé vers un stade supérieur de la maladie à 6 mois par rapport à leur valeur de départ et par rapport à une cohorte historique de 200 patients italiens. En effet dans un contexte où il n’existe aucun médicament efficace pour ralentir la progression de la maladie dans le cas de la SLA sporadique, un médicament qui permettrait de ralentir cette progression pour un malade sur trois, serait un progrès considérable. La formulation indique aussi à ce que les concepteurs s’attendaient à avoir des sous-populations différentes parmi les malades, ce qui est une conception assez concensuelle parmi les chercheurs.

Au total, 201 patients répondant aux critères d'inclusion ont été répartis au hasard (randomisation) entre les différentes branches de l’essai clinique.

L'étude a été coordonnée par l'Institut neurologique « Carlo Besta » de la Fondation IRCCS, à Milan, en Italie, et a impliqué 22 sites d'essai à travers l'Italie pour atteindre le nombre de patients requis par le calcul de la taille de l'échantillon. En effet le nombre de malades de la SLA à un instant donné est relativement faible, pas tant à cause de la relative rareté de la maladie, qu’à cause de la faible espérance de vie.

Ce grand nombre de sites impliquait plusieurs problèmes de gestion : (i) l'approbation par tous les comités d'éthique locaux prenait beaucoup de temps, prolongeant la période de randomisation et la durée globale de l'étude ; (ii) cela nécessitait une formation entre les centres pour assurer l'harmonisation des mesures et des procédures de résultats ; (iii) cela nécessitait de solides activités de coordination et de suivi. En effet il faut que les emballages ne puissent révéler si l’on administre le médicament ou son placebo. Il faut relancer chaque site qui est en retard dans la production d’information, etc.

Cependant, une étude universitaire financée par un petit organisme de bienfaisance a révélé que le financement prévu était insuffisant pour couvrir tous les besoins de gestion d'un essai multicentrique d'une telle envergure.

Mais les plus gros obstacles venaient du médicament lui-même. Alors que l'essai était en préparation, le guanabenz venait d’être retiré du marché. L’investigateur principal (le chef de projet) a réussi à trouver une entreprise pour fabriquer – et faire don – du médicament expérimental et du placebo, sachant dès le départ que, même si le résultat était positif, le médicament ne serait pas disponible pour un développement clinique ultérieur.

Au cours de l'essai, l'effet antihypertenseur alpha-2 adrénergique du médicament a occasionné des taux d'abandon élevés parmi les malades des deux branches à dose élevée. Cependant, l'hypothèse de non-futilité de l'essai a malgré tout été retenue pour les deux groupes à dose plus élevée, avec une proportion significativement plus faible de patients ayant progressé vers un stade plus avancé de la maladie que dans le groupe recevant la dose la plus faible ou le placebo et les données historiques. Les données historiques sont importantes car mesurer la progression de la SLA est difficile et les instruments (des questionnaires) peu fiables. De plus les petits échantillons de malades sont statistiquement susceptibles de présenter des valeurs anormales.

Cette différence était particulièrement celle des patients présentant une forme bulbaire (aucun d'entre eux dans ces deux groupes n'a progressé vers un stade supérieur de la maladie au cours des 6 mois de traitement, contre 50 % dans le groupe à dose la plus faible, et 36 % dans le groupe placebo). Il est possible que sans le facteur de confusion qu'est la mauvaise tolérance du médicament, la différence entre les groupes à apparition spinale et bulbaire aurait pu être encore plus prononcée.

Des résultats innovants

Bien que la poursuite du développement clinique du guanabenz n'ait pas été possible en raison de l'indisponibilité du médicament et, plus important encore, de la mauvaise tolérance des doses efficaces chez une population de patients ne souffrant pas d'hypertension, l'essai ProMISe a fourni des informations pertinentes qui ont ouvert la voie à de nouvelles innovations thérapeutiques pour la SLA. L’une de celles-ci est la conception de Sephin1, un dérivé du guanabenz sans le composant hypotenseur. Cette molécule, rebaptisée IFB-088 (icerguastat) d’InFlectis BioScience, avait déjà fait l'objet d'un essai de phase I chez des volontaires sains et un essai de phase II multicentrique et multinational a été lancé, qui est en cours en Italie et en France avec l'Institut Carlo Besta de Milan coordonnant les sites d'essais italiens (protocole TRIALS) et dont les résultats sont attendus en fin 2024.

L'Icerguastat a reçu la désignation de médicament orphelin pour le traitement de la SLA par la FDA et l'EMA (respectivement agences US et Européenne du médicament). En inhibant l'activité du complexe phosphatase PPP1R15A, il assure la ré-initiation de la traduction des protéines par les ribosomes, de ce fait les cellules sortent du mécanisme de réponse au stress et redeviennent fonctionnelles.

Basée sur les enseignements tirés de l'essai sur le guanabenz, la nouvelle étude a inclus uniquement des patients SLA à début bulbaire.

L'étude ProMISe a également analysé les différences potentielles dans les niveaux de biomarqueurs entre les branches, sans trouver de changements significatifs dans le composant neurofilament. Mais, l’évaluation des niveaux de transcription des miARN, a mis en évidence les différences entre les patients SLA présentant un début bulbaire et un début rachidien. Les miARN sont des régulateurs post-transcriptionnels capables d’inhiber la traduction d’un gène en une protéine. Il y a donc un lien clair entre le médicament Guanabenz et l’évolution de ce marqueur biologique chez les patients de type bulbaire.

Cela a conduit à un nouveau projet de recherche, sélectionné pour financement par l’appel compétitif AriSLA, qui étudiera les différences entre les miARN dans les échantillons biologiques, y compris ceux collectés dans le cadre de l’étude ProMISe. Des analyses moléculaires sophistiquées seront utilisées pour comparer les deux groupes de patients entre eux et avec des échantillons provenant d'individus sains.

Discussion

De nombreuses publications soulignent l’importance stratégique de la réutilisation des médicaments dans le traitement des maladies rares. Il est toutefois relativement rare que des médicaments réutilisés soient approuvés à la demande de l’industrie. En conséquence, le développement clinique utilisant cette approche est plus fréquemment tenté par des universitaires, souvent en collaboration avec des organisations à but non lucratif. Cependant de nombreux obstacles au développement clinique subsistent.

Nous avons présenté ci-dessus l'exemple de l'essai ProMISe, une étude académique financée par AriSLA, une fondation à but non lucratif s'intéressant spécifiquement à la SLA, pour illustrer certains des obstacles rencontrés et commenter les facteurs clés de succès qui ont contribué à l'essai clinique. Parmi les obstacles, il est importance de disposer de ressources financières suffisantes.

Certains aspects clés qui ont contribué au succès et à la valeur informative de l'essai ProMISe ont été identifiés : i) La justification de la cible moléculaire était suffisamment robuste et validée indépendamment par différents groupes dans plusieurs modèles cellulaires et animaux. ii) La conception de l'étude doit être adaptée à l'hypothèse à démontrer. iii) Les critères de réussite de l’essai clinique doivent être soigneusement considérés. iv) L'essai clinique doit être considéré comme faisant partie du processus de développement de la thérapie.

Sur ce dernier point, un obstacle majeur est, en général, représenté par le fait que les universitaires n'ont pas l'expertise, ni l'intérêt ou le statut juridique, pour devenir eux-mêmes titulaires d'une autorisation de mise sur le marché. Très souvent, les chercheurs se concentrent sur la validation clinique d’une cible moléculaire identifiée pour fournir une preuve de concept d’efficacité, plus par curiosité que par conscience du long processus nécessaire pour mettre le médicament sur le marché. Dans tous les cas, ils devront collaborer avec un partenaire industriel pour assurer l’approvisionnement et la commercialisation.

La démonstration de l’effet du guanabenz dans la SLA à apparition bulbaire a donné lieu à un modèle d’essai clinique innovant impliquant uniquement des patients présentant ce phénotype spécifique. Au sein de l’énorme hétérogénéité de la SLA, dont les multiples phénotypes ont une espérance de vie variant de 1 à plus de 10 ans après l’apparition de la maladie, la SLA de type bulbaire est le phénotype le plus homogène, aussi bien en termes de progression que par les symptomes. Elle représente environ 30 % de tous les patients, bien que plus fréquente chez les patients présentant une expansion répétée de l'hexanucléotide C9orf72, l'apparition bulbaire n'est pas corrélée à un génotype spécifique.

Au cours des 30 dernières années, le concept de la SLA en tant que maladie unique (au contraire de la SLA comme un terme parapluie pour des maladies différentes) a motivé la conception d’essai clinique, dont la quasi-totalité ont échoué. Ce concept de maladie unique implique que n'importe quel patient, quels que soient ses symptômes et l’évolution de sa maladie, aurait la même réponse à un médicament. L'étude ProMISe a suggéré que ce n'était peut-être pas le cas, comme le prévoyait l'essai sur le riluzole montrant une amélioration médiane de la survie de 2,8 fois chez les patients à début bulbaire, mais aucun avantage chez les patients à forme spinale.

L'innovation et la génération de nouvelles connaissances sont des facteurs importants pour faciliter la participation d'un partenaire industriel. L'étude ProMISe a montré qu'il n'était pas possible de réutiliser le guanabenz pour la SLA en raison de sa tolérabilité limitée et de son retrait du marché. Cependant, les informations obtenues ont aidé une entreprise, Inflectis Bioscience, à s'engager dans une nouvelle voie de développement avec une molécule dérivée sans les effets indésirables du guanabenz et ont fourni des orientations importantes pour la conception d'un nouvel essai axé sur les patients à apparition bulbaire. La nouvelle étude doit confirmer si la plus grande spécificité cible du nouveau composé est suffisante pour reproduire les effets positifs observés avec le guanabenz.

Depuis 2018, AriSLA n'admet plus d’essais cliniques dans ses appels à proposition annuels, car les coûts de ces études ne sont pas supportables pour la Fondation, alors que ses appels sont ouverts à la recherche fondamentale/préclinique et aux études cliniques observationnelles. Inspiré par le plan stratégique pour la SLA publié par le National Institutes of Health des États-Unis, AriSLA cherche maintenant à comprendre l'hétérogénéité de la SLA chez l'homme. ainsi que dans les modèles précliniques.

Conclusion

L’essai ProMISe a été un succès non seulement parce qu’il a confirmé l’intérêt du guanabenz dans la SLA bulbaire, mais aussi grâce aux connaissances qu’il a générées sur la maladie. Même si la réutilisation du guanabenz n’a pas pu être poursuivie, l’étude a ouvert des voies innovantes qui sont actuellement en cours de développement clinique dans la SLA.

Cela doit être considéré comme un message important pour encourager les universitaires à saisir toutes les opportunités d'explorer la réutilisation de médicaments dans les maladies rares, à condition que la justification préclinique soit suffisamment solide, que la conception de l'étude soit adaptée pour répondre de manière adéquate à l'hypothèse sous-jacente et soit informative, et qu'elle soit intégrée dans une perspective à long terme de développement de médicament.

Maladie de Parkinson: Médecin et malade

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Nous sommes dans une période creuse de résultats scientifiques qui durera sans doute tout l'été, aussi voici un résumé d'un article passionnant racontant comment un médecin et chercheur Turque, Sibel Özekmekçi, a développé la maladie de Parkinson, et comment elle a géré cette maladie. L'article qui est consultable à cette adresse a été résumé, traduit et simplifié pour les besoins du format de publication sur PadiracInnovation. En tant que neurologue expérimenté spécialisé dans la maladie de Parkinson (MP) et d’autres troubles du mouvement, l'auteur raconte comment elle a diagnostiqué sa propre maladie de Parkinson, qui a commencé par des symptômes très légers. Dans cet article, elle a choisi de documenter ses observations et ses expériences au cours de ce voyage, en fournissant des informations du point de vue à la fois du patient et du spécialiste.

À travers cet article de synthèse, son objectif était de fournir un compte rendu concis de son parcours scolaire, de son implication professionnelle dans le domaine de la maladie de Parkinson, des premiers symptômes et de la progression de la maladie, des symptômes moteurs et non moteurs associés à la maladie de Parkinson, ainsi que l'impact psychologique de la maladie lors des étapes de reconnaissance, d'acceptation et d'intériorisation.

Après ses études de médecine à la Faculté de médecine d'Istanbul, Sibel Özekmekçi est devenu professeur agrégé et, avec le médecin spécialiste Güneş Kiziltan, ils ont créé le « Groupe de la maladie de Parkinson et des troubles du mouvement » et ont commencé à consulter des patients dans une clinique externe privée.

Dans les années suivantes, ils ont collaboré avec des neurologues et des physiothérapeutes de la Faculté de médecine d'Istanbul de l'Université d'Istanbul pour transmettre les connaissances médicales actuelles sur la maladie de Parkinson aux patients et aux membres de leur famille. Ainsi l'auteur a souvent soigné des patients atteints de la maladie de Parkinson et occasionnellement des patients souffrant de troubles du mouvement.

A partir de l'âge de 70 ans des contractions involontaires peu nombreuses sont apparus dans le pouce de sa main droite, et même si elle soupçonnait que certaines d'entre elles pourraient signifier un début de maladie de Parkinson, elle a hésité à se diagnostiquer, car les contractions étaient sporadiques. Elle ne s'y était pas attardée à l'époque, mais en regardant ses photographies prises à cette époque, après le diagnostic, maintenant elle distingue bien la présence d'une légère chute des lèvres du coté droite, ce qui est fréquent chez les patients présentant une maladie de Parkinson. Puis au fil des ans, des douleurs sont apparues dans la région fémorale antérieure de sa jambe droite lors de longues marches. Elle a aussi fait une chute bénigne en bord de mer, mais sans comprendre la raison de cette chute. C'est aussi à cette époque qu'elle a remarqué qu'elle se penchait beaucoup en avant lorsqu'elle se promenait et que sa légère bosse, qui était là depuis l'enfance, avait augmenté de taille. Un jour, alors qu'elle a commencé à avoir des tremblements constants au repos dans le pouce de sa main droite, elle a alors réalisé que le problème était grave. Le tremblement se présentait sous la forme d'une flexion et d'une extension du doigt, mais elle ne voulait pas encore accepter le diagnostic Quelques jours plus tard, elle a également eu un tremblement au repos dans l'index de la main gauche, mais cela ne s'est pas reproduit. De nombreux patients ne consultent pas un médecin à ce stade mais seulement lorsque la maladie progresse et que les symptômes s'accentuent. Elle a alors consulté un collègue spécialiste de cette maladie.

Aux premiers stades, avant l'âge d'environ 60 à 65 ans, des agonistes dopaminergiques sont prescrits tels que le piribédil en deux à trois doses quotidiennes, le pramipexole à action prolongée en dose unique ou des inhibiteurs de la monoamino oxydase-B tels que la rasagiline en dose unique sont recommandés. Chez les personnes âgées et chez les patients de tout âge à un stade avancé de la maladie, la lévodopa, est le médicament le plus couramment administré. Bien qu'âgée alors de 72 ans, elle a cependant préféré se faire prescrire les médicaments adjuvants en raison de la nature légère de ses symptômes et de leur facilité d'utilisation.

Elle n’a pu expliquer le diagnostic à sa fille qu’une vingtaine de jours plus tard, "pour ne pas la bousculer". Sa fille a été très surprise et, bien sûr, très bouleversée par l'ironie du destin, car Sibel Özekmekçi était médecin et exerçait depuis de nombreuses années dans ce domaine. Au cours de sa dernière année et demie d'exercice professionel, elle n'a jamais parlé de sa maladie à ses collègues.

À cette époque, elle a également partagé le diagnostic avec son cher ami psychiatre, le Prof. Şahika Yüksel. Son psychiatre, l'a encouragé à s'ouvrir à ses proches de son état. Ainsi, un an et demi après le diagnostic, elle a commencé à révéler occasionnellement qu'elle était atteinte de la maladie de Parkinson. En effet, en partageant le diagnostic avec d’autres, elle avait l’impression que son fardeau s'allégeait. Elle a alors compris qu’il valait mieux accepter l’apparition des symptômes moteurs.

C'était aussi une relative consolation pour elle de savoir que sa maladie ne faisait pas partie des syndromes « Parkinson plus » dont l'évolution rapide rend les patients handicapés en peu de temps. Les quelques amis qui connaissaient sa maladie et sa fille lui ont conseillé de faire un suivi auprès d'un autre médecin expérimenté. Celui-ci a légèrement augmenté la dose de lévodopa/bensérazide. Pour l'hypersalivation, il a suggéré un collyre au maléate de timolol appliqué sur la langue, qui peut être efficace chez la plupart des patients, mais malheureusement, cela n'a eu aucun effet sur elle. Cependant, des contractions involontaires des fléchisseurs semblables à une dystonie ont commencé au niveau des deuxième et troisième orteils de son pied droit, particulièrement persistantes l'après-midi et le soir. Elle a considéré ces contractions comme une dyskinésie induite par la lévodopa, et elle a commencé à prendre un comprimé d'amantadine.

On sait que les patients atteints de la maladie de Parkinson peuvent présenter de nombreux symptômes non moteurs en plus des symptômes moteurs. Cependant, sans symptômes moteurs, le diagnostic clinique de la maladie est peu probable chez les patients présentant uniquement ces problèmes. Après confirmation du diagnostic elle a pensé que son insomnie, qui durait depuis 20 ans, pourrait être une manifestation présymptomatique et non motrice de la maladie.

Les symptômes qu'elle a personnellement remarqués chez elle, mais qu'elle a seulement reconnu qu'il s'agissait de signes non moteurs de la maladie après avoir posé le diagnostic sont les suivants : - Un sentiment de froid - Beaucoup d’anxiété et de stress extrême. - Elle a du mal à expliquer ses efforts pour cacher le diagnostic à l'époque ; peut-être ne voulais-elle pas susciter la pitié ou attirer l'attention des autres.

Aujourd'hui, sa maladie est bien contrôlée grâce aux médicaments à la dopamine. Bien qu’il n’existe actuellement aucun médicament permettant de ralentir la progression de la maladie de Parkinson, il existe des médicaments qui procurent un soulagement symptomatique. Cependant, même si elle est d’accord avec les récentes observations scientifiques qui montrent que l’exercice ralentit la progression de la maladie, elle doit admettre qu'elle néglige d’en faire régulièrement. Aujourd’hui, parfois, surtout lorsque elle tient un objet lourd, elle éprouve un léger tremblement dans les deux mains. Elle a du mal à se relever après être resté assise longtemps, alors elle préfère se lever souvent et marcher pour surmonter ce problème.

En se qui concerne son futur Sibel Özekmekçi sait que dans la maladie de Parkinson, la diminution partielle de la sérotonine et de la noradrénaline dans le cerveau peut conduire à l’émergence d’une dépression chez de nombreux patients. Il a aussi été souligné la présence de diabète de type II chez les patients atteints pourrait constituer un facteur de risque « prodromique » dans le développement de la maladie.

De même, il a été constaté que l'hypothyroïdie et l'utilisation à long terme de lévothyroxine pouvaient également constituer un risque, et la prévalence de cette maladie s'est avérée élevée chez les patients souffrant d'hyperthyroïdie ainsi que hypothyroïdie. L'auteur doit constamment suivre ses heures de prise de médicaments au cours de la journée et organiser sa vie quotidienne en fonction des intervalles pendant lesquels elle peux manger.

Il y a probablement une relation entre des problèmes au foie et la SLA (maladie de Charcot/Lou Gehrig). De nombreux malades de la SLA ont en effet aussi développé une résistance à l'insuline et par ailleurs certains malades estiment que l'acide biliaire nommé TUDCA leur est bénéfique, bien que deux essais cliniques n'aient pas démontré cet effet.

Il se pourrait qu'en fait certains malades aient une prédisposition à mal métaboliser certains produits, et que quand ces personnes consomment un produit potentiellement dangereux, certaines développent une SLA (ou d'autres maladies). Cela pourrait expliquer le foyer de cas de la SLA dans les Alpes dont on a beaucoup parlé il y a quelques années. enter image description here Gyromitra esculenta

Une nouvelle étude montre (mais ne prouve pas) qu’il pourrait y avoir une relation entre certains allèles du gène NAT2 et ces cas de SLA. Le gène NAT2 est impliqué dans le métabolisme de la toxicité. Ce gène (et son expression dans les tissus) est donc très important, le gène NAT2 est impliqué dans la résistance à l'insuline, le diabète et le risque cardiovasculaire.

Le corps élimine les produits toxiques par métabolisme xénobiotique. Cela consiste en la désactivation et l’excrétion des xénobiotiques et se produit principalement dans le foie.

Le gène NAT2 est hautement polymorphe, c'est à dire que différentes personnes réagissent très différemment quand ce gène est impliqué. Approximativement plus du tiers de la population Française est classée comme acétyleur lent. En Angleterre c’est la moitié de la population qui est classée acétyleur lent. Les acétyleurs lents ont tendance à être davantage susceptibles à la toxicité des médicaments et à certaines maladies comme certains cancers.

Il y a eu différentes études scientifiques (sur ce foyer Alpin (bien qu'officiellement il n'existe pas), l'étude publiée récemment montre que la plupart des patients SLA du foyer de cas de SLA dans les Alpes (5 sur 7) présentaient un phénotype acétylant lent ou intermédiaire. Cela augmente le risque d'effets neurotoxiques et génotoxiques des métabolites de la gyromitrine.

La gyromitrine est responsable non seulement des propriétés toxiques et neurotoxiques orales aiguës des fausses morilles (qui étaient consommées par les patients), mais il a été aussi suggéré qu’elle est impliquée dans l'étiologie des maladies neurodégénératives.

L’article indique qu’initialement les fausses morilles ont été identifiées par erreur comme appartenant à l'espèce Gyromitra gigas, alors qu’en fait ces fausses morilles appartiennent à l'espèce G. esculenta. Ces champignons produit des concentrations de gyromitrine considérablement plus élevées que celles présentes par l'espèce Gyromitra gigas.

La majeure partie de la gyromitrine doit être éliminée pour rendre les fausses morilles comestibles. La procédure recommandée consiste à faire bouillir cinq fois (!) les champignons frais, mais il reste encore une proportion conséquente de gyromitrine après cette opération.

On pourrait penser à généraliser ce résultat: Est-ce que les personnes qui réagissent bien au TUDCA sont porteuses d'un génotype NAT2 acétyleur lent? D'un autre côté la valeur statistique de cette étude est faible: Sept personnes malades ont été génotypées et quatre personnes d’entre elles avaient un génotype NAT2 acétylateur lent. Dans un échantillon aléatoire de 7 personnes, 2 à 3 personnes ont ce génotype, aussi trouver 4 personnes n’est pas très concluant, pas plus que la taille extrêmement limitée de l’échantillon. D'ailleurs cet article ne possède pas de paragraphe indiquant les points faibles de l'étude, alors que c'est une excellente pratique.

Un autre manque dans cet article c'est une section sur la suite à donner: Comme le note l'article, d'autres toxines d'origine biologique sont fortement impliquées dans des cas de SLA atypiques au Japon, à Guam, en Afrique comme le lathyrisme et le cassavisme. Une future étude pourrait par exemple s'attacher à examiner comment ces toxines qui sont sûrement éliminées en quelques jours, peuvent amener à une maladie qui s'aggrave au fil des mois. Cela appelle des études au niveau physiologique (réaction du système immunitaire, impact de la sclérose de tissus) et non moléculaire, mais pour cela il faudrait que davantage de médecins se consacrent à la recherche scientifique.

Un cas de "reversal" décrit chez un malade de la SLA.

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Si l’on excepte Tofersen qui agit sur un petit sous-ensemble de patients atteints de SLA (maladie de Lou Gehrig/Charcot), aucun médicament n’est capable d’arrêter l’évolution de la sclérose latérale amyotrophique.

Il existe cependant sur Internet des histoires bizarres de personnes qui ont stoppé la maladie. La plupart d'entre elles sont des escroqueries, certaines étant même probablement impulsées en sous-main par les biotechs testant des médicaments dans des essais cliniques afin de faire pression sur les organismes de réglementation, ou par des associations de patients qui ont un intérêt financier dans la commercialisation de médicaments de la SLA (si, si ça existe).

Mais il y a quand même plusieurs histoires qui semblent légitimes, certaines tournant autour du régime alimentaire, d'autre tournent autour d'un forme d'exercice doux (alors que les médeçins déconseillent l'exercice aux patients de la SLA). Nous avons sur ce site un calculateur de calorie pour malade de la SLA.

Pour autant, ingérer un supplément de calorie pose aux malades, différents challenges très compliqués.

De plus un essai clinique récemment effectué en Allemagne n'a montré aucun bénéfice à un régime hautement calorique.

Une publication récente décrit un cas clinique. Il ne s'agit pas d'un essai clinique mais juste la description par des médecins Japonais d'un cas, qui est intéressant par ce qu'il concerne un homme de 86 ans diagnostiqué de la SLA bulbaire et dont l'état semble s'être amélioré à la suite des effets combinés d'un régime alimentaire riche en calorie et d'exercice physique. Il s'agit d'une histoire incroyable de résilience, par un patient frêle et très âgé.

Lors du diagnostic le patient pouvait utiliser une canne, mais la détérioration de son état progressant, il a dû utiliser un fauteuil roulant, mais au final il a récupéré suffisamment de capacité pour pouvoir de nouveau marcher avec une canne.

Ce n'est sûrement pas une recette pour de la SLA, mais en France, un diagnostic de la SLA est vu, entre autre par les médecins, comme un arrêt de mort, tout soins autre que de confort puis palliatif semblant superflus. De plus on sait qu'au delà de 80 ans, la réglementation Française demande souvent (par exemple pour le cancer) que les malades ne soient plus soignés avec les mêmes protocoles. Ici il est pourtant question d'un homme de 86 ans à qui on a pas hésité à donner les moyens de survivre quelques années. De plus ici il n'est pas question de moyens sophistiqués ou extrêmement couteux.

On sait pourtant qu'il y a des malades de la SLA qui peuvent vivre une ou plusieurs dizaines d'années (10% des cas). Certains malades peuvent même exercer une activité professionelle pendant plusieurs années. Il est donc intéressant d'explorer au niveau international d'autres pratiques, surtout quand elle sont documentées par des médeçins.

Voici les poids saillants de l'article des médecins (la formulation a été simplifiée):

Un homme de 86 ans s'est présenté à notre hôpital pour dysphagie et dysarthrie. Douze mois après l’apparition des symptômes, une atrophie de la langue et des fasciculations ont été observées. Les muscles fléchisseurs du cou présentaient une légère faiblesse. Il présentait des signes de motoneurones supérieurs dans les régions du tronc cérébral et de la colonne cervicale et des signes de motoneurones inférieurs dans les régions du tronc cérébral, de la colonne cervicale et de la colonne lombaire.
Nous lui avons diagnostiqué une SLA probable de type bulbaire, confirmée en laboratoire, selon les critères d'Awaji mis à jour. Sa taille était de 160,8 cm et son poids au moment du diagnostic de SLA était de 44,8 kg. Le score ALS Functional Rating Scale-Revised (ALSFRS-R) était de 37. La dysphagie a été classée au niveau 5 sur l’échelle FILS: les aliments faciles à avaler sont ingérés par voie orale en trois repas.
Aucune alimentation par sonde de gastrostomie n'a été jugée utile à ce stade. La perte de poids du patient a cependant progressé progressivement. Seize mois après le diagnostic de SLA, l'examen vidéofluoroscopique de la déglutition a révélé des résidus pharyngés et son poids a diminué à 40,9 kg.
Une gastrostomie a été réalisée alors que le patient était encore capable d’ingérer de la nourriture. À cette époque, sa dysphagie était classée au niveau 5 au FILS (les aliments faciles à avaler sont ingérés par voie orale en un ou deux repas, mais une alimentation alternative est également proposée).
Vingt et un mois après le début de la maladie, il a développé une hémorragie gastro-intestinale due à un ulcère de contact, et les tests de laboratoire ont révélé une anémie. Son poids est passé de 40,2 kg à 36,8 kg en un mois. Il éprouvait des difficultés à marcher et à consommer de la nourriture par voie orale. À cette époque, sa capacité à avaler s'était fortement dégradée au niveau 2 du FILS (un entraînement à la déglutition sans nourriture était effectué).
Le patient a été transféré dans un hôpital de rééducation. La dépense énergétique quotidienne totale de ce patient a été estimée à 1 100 kcal/jour.
La thérapie nutritionnelle a débuté par un apport de 1 500 kcal/jour, administré par une sonde de gastrostomie effectuée à la demande du patient. La nutrition entérale contenait des glucides (62 %), des protéines (18 %) et des lipides (20 %). La prise orale au niveau plaisir a été poursuivie. De plus, le patient a continué à effectuer des exercices physiques volontaires quotidiens pendant environ 30 minutes/jour en plus de la rééducation quotidienne, y compris un entraînement à la déglutition. Il a effectué un entraînement à la marche et des exercices légers de renforcement musculaire de ses extrémités en utilisant des poids comme exercice physique volontaire, ce qui n'a pas entraîné de fatigue.
Le patient a continué ces exercices quotidiennement après sa sortie. Après 5 mois d'intervention, son poids corporel est passé de 36,8 à 40,4 kg. De plus, sa masse musculaire est passée de 25,1 kg à 30,1 kg, comme déterminé à l'aide du dispositif d'impédance bioélectrique. La masse musculaire des membres supérieurs et inférieurs et du tronc a augmenté, tandis que la masse grasse a diminué. Sa force musculaire s'est améliorée de 8,5/10,0 kg à 15,0/18,0 kg en force de préhension et de 15,2 kPa à 20,4 kPa en pression de langue, déterminée à l'aide d'un appareil de type ballon. La capacité vitale s'est améliorée de 72,5% à 80,2%.
Sa forme physique s'est améliorée, passant du besoin d'un fauteuil roulant à la marche avec une canne. Concernant sa fonction de déglutition, bien que la contraction pharyngée ait été faible, la relaxation du sphincter supérieur de l'œsophage s'est améliorée. Le passage du bolus pharyngé s'est amélioré et les résidus pharyngés ont été réduits. À cette époque, sa capacité à avaler était classée au niveau 4 sur le FILS (un entraînement régulier à la déglutition utilisant une petite quantité de nourriture a été effectué).
Après 18 mois d’intervention nutritionnelle et de rééducation, le poids et la masse musculaire du patient ont été maintenus grâce à un apport nutritionnel de 1 500 kcal/jour via la sonde de gastrostomie et l’exercice physique.

Conclusion : Les résultats les plus importants sont les suivants : 1) une perte de poids due à une SLA aiguë peut probablement être compensée par une thérapie nutritionnelle couplé à de l'exercice physique. En tout cas celà devrait être tenté dès le diagnostic. 2) L'augmentation de poids doit être issue de la masse musculaire squelettique, et non du tissu adipeux. On sait que celà est un challenge, même pour des personnes bien portantes. 3) Bien que ce genre de thérapie soit rarement envisagée, la fonction de déglutition s’est également améliorée chez ce patient de la forme bulbaire de la SLA.

Bien sûr on ne connaît pas de quel type de SLA il s'agit, et au Japon il y a des types de SLA que l'on ne connaît pas en Europe, mais ce type d'article devrait contribuer à inciter à revoir la vision clinique d'un diagnostic de la SLA, comme d'un arrêt de mort.

De plus la participation de patient est indispensable, la volonté de survivre de ce patient Japonais doit être gigantesque. Un tel effort devrait être proposé dès le diagnostic.

Un tel article remet aussi en cause le dogme (au sens indiscutable) qui voudrait qu'au cours de la SLA les neurones moteurs meurts et que celà soit la cause de l'affaiblissement musculaire. Comment expliquer alors qu'un malade, surtout d'une forme de SLA bulbaire, puisse retrouver de la capacité musculaire?

Le texte ci-dessous est dérivé de l'article suivant qui est très intéressant, mais présente de nombreuses modifications de mon fait. Ces modifications relativisent l'optimisme pour les techniques scientifiques et le relative oubli de l’aspect humain dans ce genre de littérature académique. Mais encore une fois il s'agit d'un excellent article très informatif sur l'état de l'art des ASO.

Thérapies basées sur les ASO

Les oligonucléotides antisens (ASO) sont de courtes molécules d'ADN ou d'ARN conçues pour se lier à des régions spécifiques de l'ARNm cible et donc interférer avec la production de protéine dans les cellules infectées. La production de protéine est indispensable à la vie de la cellule, les protéines sont à la fois utilisées comme matériaux et comme moyen de coordination entre les différentes organelles cellulaires. Les ASO peuvent moduler l’épissage pré-ARNm, augmenter les niveaux de protéines fonctionnelles et diminuer les niveaux de protéines toxiques. enter image description here Ces dernières années, l’utilisation des ASO a donné un nouvel élan à la recherche et au développement de thérapies efficaces pour de nombreuses maladies auparavant incurables comme la SBMA, l'atrophie musculaire spinale (SMA) et la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Dans ce domaine, le recours aux ASO a conduit à de grands succès et à de grands échecs.

Le plus grand succès a certainement été le développement d'une thérapie pour la SMA basée sur un ASO appelé nusinersen, capable de compenser le manque de protéine SMN dans le gène SMN1. Le médicament améliore considérablement la fonction motrice et augmente la survie des patients atteints de SMA. En quelques années seulement, il a été possible de passer de la phase préclinique à l'approbation et à la commercialisation du médicament grâce à une collaboration efficace entre les différentes parties prenantes. Un autre résultat très positif a été obtenu dans le traitement de la SLA associée à des mutations du gène SOD1. Tofersen est un ASO conçu pour le traitement des patients SLA porteurs d’une certaine mutation du gène SOD1. Les données recueillies jusqu'à présent ont montré qu'il peut ralentir la progression de la maladie chez certains malades, surtout si le traitement est commencé tôt après l'apparition des symptômes. D'autres études cliniques à long terme sont toujours en cours, mais la FDA a approuvé le tofersen en 2023 dans le cadre de son programme d'approbation accélérée, et l'approbation de l'EMA est arrivée en février. 2024. Il s’agit d’une étape importante dans l’histoire de la recherche sur la SLA qui a montré pour la première fois que la maladie, au moins sous certaines de ses formes (concernant malheureusement moins de 2% des patients), peut être traitable.

Ces résultats ont stimulé la recherche de thérapies basées sur l'ASO pour la SLA associée à des mutations dans d'autres gènes. Des essais cliniques avec des ASO ciblant les mutations des gènes FUS, STMN2 et ATXN2 sont en cours et montreront dans les années à venir si ces thérapies sont efficaces.

Le cas de l’expansion du gène C9orf72 mérite une discussion à part. Compte tenu de la fréquence de cette mutation dans les formes familiales et sporadiques de la SLA, des ASO dirigés contre l’ARNm sens, ciblant l’ARNm contenant l’expansion répétée, ont été développés et testés avec des résultats encourageants dans des modèles animaux. Sur la base de données prometteuses, deux sociétés différentes ont lancé des essais cliniques de phase 1/2 avec des ASO ciblant différentes régions de l'ARNm de répétition. Malheureusement, les deux essais ont été interrompus après une analyse intermédiaire des résultats, car ni les critères d'évaluation principaux ni secondaires n'étaient atteints.

À ce stade, on ne sait pas exactement quelle pourrait être la cause de ces échecs bien que diverses hypothèses ont été suggérées.

Aspects généraux importants du développement de thérapies basées sur l'ASO.

Les scientifiques classent l'effet des ASO en deux principaux mécanismes pathologiques provoqués par des variantes pathogènes : la perte de fonction et le gain de fonction. Cette classification semble pourtant rudimentaire, la plupart des mécanismes biologiques étant extrêmement complexes. En général, les variantes perte de fonction sont relativement plus faciles à gérer que les variantes gain de fonction. Les gènes perte de fonction sont souvent approchés en restaurant des productions de protéines saines, tandis que les gènes gain de fonction sont approchés en limitant la production ou en augmentant la dégradation de protéines altérées.

La perte de fonction

L'approche thérapeutique générale de la perte de fonction dans le cas de la SMA, bénéficie de l'existence du gène SMN2 qui produit aussi de la protéine SMN (Le gène SMN2 est dérivé du gène SMN1 au cours de l'évolution), car il était possible de cibler un site de SMN2 et ainsi d'augmenter la synthèse d'une protéine SMN fonctionnelle complète.

Le gain de fonction

Les gains de fonction incluent, les variantes faux-sens et les répétitions étendues, et ils confèrent des fonctions supplémentaires, inopportunes, à la protéine, augmentant sa propension à former des agrégats, peut-être car la cellule ne sait pas gérer ou dégrader cette production de protéines incongrues. Par conséquent, une façon de développer une thérapie efficace consiste à dégrader les agrégats toxiques ou à empêcher leur formation. Il existe deux options différentes.

  • Une stratégie sélective implique l’utilisation d’ASO qui dégradent la variante toxique (mutante) tout en préservant la forme normale de la protéine. Encore faut-il que les cellules du patient produisent suffisamment de protéine normale.

  • D’un autre côté, un ciblage du gène affecté pourrait réduire à la fois les variantes toxiques et saines. Il s’agit d’une approche plus simple et ne nécessite pas l’utilisation de thérapies adaptées (différents ASO pour différentes mutations), mais cela implique que les fonctions physiologiquement nécessaires de la protéine de type sain sont également réduites. En effet l’inactivation non spécifique d’une protéine a forcément des conséquences graves et imprévisibles.

Il est ridicule de penser que nous puissions avoir des mécanismes biologiques qui seraient inutiles, et c'est assez incroyable que l'on envisage cette méthode pour soigner des humains. Ces effets négatifs sur la protéine de type sain sont probablement à l’origine de l’échec du traitement par ASO chez les patients SLA porteurs de la mutation du gène C9orf72. De tels effets négatifs n’ont cependant pas été observés avec le traitement par tofersen chez les patients SLA présentant des mutations SOD1. Cependant, un suivi à long terme de ces patients est nécessaire.

Un exemple de cette stratégie de blocage de production, est la tentative de correction des défauts d’épissage dus à l’épuisement nucléaire de la protéine TDP-43. Un des nombreux rôles de cette dernière protéine est de corriger les défauts lors de la transcription de protéines. Or les cellules produisant en permanence environ 20 000 types de protéines différents malgré les différents stress auxquels elles sont confrontées (surtout chez les patients âgés), les erreurs de productions sont nombreuses et nécessitent de nombreux mécanismes de correction.

Le principal avantage thérapeutique de cette stratégie est qu’une population beaucoup plus large de patients SLA que les seuls porteurs de mutations pourrait bénéficier de cette stratégie thérapeutique, car une mauvaise localisation de TDP-43 est observée chez presque tous les patients SLA. D'ailleurs cette mauvaise localisation de TDP-43 est observée dans d'autres maladies neurodégénératives comme la FTD ou la maladie d'Alzheimer. Mais cette stratégie, compte tenu du rôle fondamental de TDP-43, serait équivalente à une forme d'empoisonnement du patient, bien cela n'empêche pas de nombreux scientifiques et laboratoires de la considérer comme voie thérapeutique.

Une approche plus raisonnable consiste à tenter de corriger les défauts d’épissage d’ARNm spécifiques. Il n’est pas clair si la correction de ces anomalies d’épissage uniques et spécifiques s’avérera efficace. Il est possible que plusieurs de ces ARNm mal épissés doivent être corrigés avec un cocktail d’ASO avant d’obtenir un bénéfice thérapeutique.

Alternativement, il peut être utile d'identifier d'autres entités biologiques jouant un rôle clé dans le processus d'épissage médié par TDP-43. SYF2 est un facteur d'épissage pré-ARNm qui est recruté dans le spliceosome pour réguler l'épissage. Lorsqu'il est régulé négativement, il inverse la pathologie du TDP-43 et améliore la fonction du TDP-43, y compris le traitement de l'ARN, dans les modèles précliniques. Ainsi, la régulation négative de SYF2 médiée par ASO pourrait restaurer un mauvais épissage de plusieurs ARNm mais aussi perturber l’épissage de protéines saines. Mais là encore il est illusoire de penser qu'inhiber une protéine puisse avoir des effets bénéfiques. Pour savoir si cette stratégie fonctionne également chez les patients atteints de SLA, les essais cliniques seront cruciaux.

Un mode d'administration contestable

Actuellement, les ASO sont administrés par administration intrathécale, une procédure plutôt invasive et techniquement exigeante. Quelques cas de malades réagissant particulièrement bien ont été récemment médiatisés par des laboratoires universitaires et pharmaceutiques. Ce qui n'est pas dit c'est que ces malades subissent une chirurgie à risque chaque semaine. Bien que couramment utilisée en milieu clinique, le caractère invasif et le coût de la procédure stimulent le développement de technologies d’administration alternatives. Du point de vue du malade c'est un risque à courir, mais ce n'est sûrement pas tenable sur la durée et c'est un coût phénoménal pour les sécurité sociales.

La voie intrathécale est une procédure invasive qui peut être remplacée par le développement d’ASO conjugués à des nanoparticules. Des progrès en chimie visant à utiliser de nouveaux adjuvants sont en cours de développement. L'utilisation de particules d'administration, telles que des nanoporteurs polymères enrobés de glucose et des ASO conjugués à des peptides, est très prometteuse pour l'avenir, car elles peuvent traverser la barrière hémato-encéphalique et améliorer le transport des ASO dans le système nerveux. Cependant, la délivrance par nanoparticules peut présenter une toxicité liée à la nature des nanoparticules utilisées. Par exemple, les nanoparticules à base de protéines peuvent exercer une cardiotoxicité, et une hépatotoxicité importante.

Traitement chez les personnes asymptomatiques

Les traitements chez les personnes asymptomatiques sont toujours l'objet de controverses éthiques, qui peut prédire qui va être malade de la SLA? Pourquoi condamner des personnes apparemment saines à un traitement toute leur vie? Plus prosaïquement comment convaincre les systèmes de sécurité sociale et mutuelles qu'économiquement ces traitements à vie ont un intérêt, à l'heure où on réduit l'assistance aux patients atteints de maladies chroniques? Ce qui motive ces propositions c'est qu'au moment où les premiers symptômes de la maladie apparaissent, les motoneurones et plus globalement le système musculaire ont déjà subi des dommages importants qui ne peuvent être éliminés. Par conséquent, le traitement ne peut que ralentir ou, au mieux, arrêter la progression de la maladie. Deux essais cliniques chez des individus pré-symptomatiques avec un diagnostic génétique de SMA (NURTURE, NCT023865539) et porteurs de mutations du gène SOD1 (ATLAS, NCT04856982) sont en cours sur cette question. Si les résultats sont positifs, nous pourrions assister à un changement révolutionnaire pour certaines maladies du système moteur, qui vont passer du statut d’incurables et mortelles à celui de traitables.

Dans le cas de la SMA, le dépistage néonatal (NBS) permet d'initier immédiatement un traitement spécifique pour les enfants atteints de SMA afin de stopper la perte irréversible des motoneurones et la progression de la maladie et d'assurer un développement moteur comme celui des enfants sans maladie neuromusculaire. Dans le cas de la SLA, étant donné que les mutations du gène SOD1 représentent environ 20 % des maladies d'origine familiales et jusqu'à 2 % des cas sporadiques, un dépistage rapide des mutations SOD1 devrait être effectué chez tous les nouveaux patients SLA présentant des présentations à la fois familiales et sporadiques. Mais il y a des dizaines de mutations différentes de SOD1, certaines foudroyantes, d'autres relativement lentes à tel point que le patient décède seulement à un âge avancé.

Conclusion

En résumé, la thérapie ASO a fait des progrès remarquables ces dernières années, apportant des bénéfices significatifs au traitement des maladies des motoneurones. Le plus grand succès a été le développement du nusinersen, le premier traitement efficace contre la SMA approuvé par la FDA et l'EMA, capable d'améliorer les symptômes et de ralentir la progression de la maladie. Cela a été suivi quelques années plus tard par le tofersen, qui a été approuvé pour traiter les patients SLA présentant l'une des mutations SOD1. En revanche, le chemin à parcourir est encore long concernant d’autres formes de SLA associées à des mutations d’autres gènes, notamment C9orf72. Une compréhension plus approfondie des mécanismes pathogénétiques liés à la présence de mutations, ainsi que le développement de molécules de plus en plus efficaces et performantes, pourraient permettre de développer de nouvelles thérapies contre ces maladies neurodégénératives.

Maladie de Parkinson et hallucinations

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Les scientifiques ont tendance à considérer les maladies de façon très schématiques et très compartimentées, Alzheimer serait uniquement caractérisé par des pertes de mémoires, Parkinson par des troubles moteurs, la SLA par la paralysie musculaire.

En réalité les symptomes des maladies neurodégénératives sont peu différenciés. Les malades d'Alzheimer n'ont pas de troubles de mémoire permanent, alors qu'on catégorize leur maladie comme une démence, ils peuvent démontrer des raisonnement précis. Ils éprouvent aussi des hallucinations et souvent des troubles moteurs de type Parkinsonien. Les malades de Parkinson eux ont des hallucinations, et peuvent évoluer vers une démence. Les malades de la SLA maladie de Lou Gherig/Charcot) ont montrent souvent des troubles moteurs comme le clonus, une certaine forme de démence pour au moins un tiers d'entre eux. Une forme de démence (FTD) a d'ailleurs une proximité avec la SLA sur le plan moléculaire.

Les manifestations psychotiques affectent plus de la moitié des personnes atteintes de la maladie de Parkinson à un certain stade de l’évolution de leur maladie et peuvent être profondément perturbatrices, contribuant à une mortalité et une morbidité accrues, ainsi qu’à la détresse des soignants. Si ces hallucinations ont leur origine dans la maladie, elles sont aussi des effets secondaires de l'usage à long terme des médicaments antiparkinsoniens.

La psychose lors de la maladie de Parkinson, apparaît comme le plus grand facteur de risque de placement en maison de retraite chez les patients parkinsoniens. Cependant, il n'existe pas de critères diagnostiques universellement acceptés de la psychose lors de la maladie de Parkinson. Habituellement on met l'accent sur certains symptômes caractéristiques durant au moins un mois : hallucinations, délires, illusions et faux sentiment de présence.

Les hallucinations visuelles sont des perceptions visuelles anormales sans stimulus physique visuel, contrairement aux illusions visuelles qui sont des perceptions erronées de stimuli visuels réels. Ce sont par exemple des hallucinations de présence (une sensation qu'une autre personne est présente à proximité alors qu'il n'y a personne), ou des images fugaces et vagues dans la vision périphérique. enter image description here Bien qu'il y est eu de nombreuses études sur la sujet, des chercheurs Lithuaniens ont cherché à évaluer la prévalence des hallucinations mineures dans une cohorte composée de patients atteints de maladie de Parkinson et de témoins sains.

Il n'y avait pas de différences significatives dans la démographie des groupes maladie de Parkinson et témoins. La majorité des patients parkinsoniens présentaient une atteinte bilatérale sans incapacité grave.

Au total, 16 patients (la moitié) atteints de maladie de Parkinson et 4 sujets témoins (un dixième) ont présenté au moins une hallucination mineure. Parmi les personnes qui ont signalé une hallucination mineure, les patients atteints de maladie de Parkinson ont signalé des illusions visuelles et des hallucinations de présence nettement plus fréquemment que les sujets témoins. Les hallucinations de passage étaient de deux fois plus fréquentes dans le groupe de malade de Parkinson que dans le groupe de contrôle.

Parmi les 16 participants ayant signalé des illusions visuelles, la moitié d'entre eux n'ont ressenti qu'un seul type d'illusion visuelle. Dans le groupe maladie de Parkinson, les illusions visuelles les plus fréquemment rapportées étaient les illusions visuelles complexes, l'akinétopsie et la pélopsie, tandis que dans le groupe témoin, la pélopsie était l'illusion visuelle la plus fréquemment rapportée.

L'akinétopsie se produit souvent avec une traînée visuelle (palinopsie), des images rémanentes étant laissées à chaque image du mouvement.

La palinopsie décrit des images comme des auras, des scintillements, des points lumineux comme s'il neigeait.

Les patients parkinsoniens qui ont signalé des illusions visuelles avaient tendance à avoir une durée de maladie plus longue et un dosage de Levodopa plus élevé.

Maladie de Parkinson, glucides et fer

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Introduction

L'article (en pre-print) discuté aujourd'ui traite de nutrition et de la maladie de Parkinson. La maladie de Parkinson est le deuxième trouble neurodégénératif le plus répandu dans le monde et entraîne une réduction significative de la qualité de vie. Les tendances actuelles en matière d'incidence, de prévalence et de charge de morbidité montrent que le fardeau mondial de la maladie de Parkinson a augmenté.

Les connaissances actuelles suggèrent de façon très générales que la maladie de Parkinson est probablement causée par une interaction entre une prédisposition génétique et la présence de facteurs environnementaux qui peuvent s'accumuler tout au long de la vie, c'est à dire que les scientifiques ont de grandes difficultés à identifier les facteurs à risques. Même le diagnostic semble ne pas faire l'unanimité des chercheurs, pour certains le problème est le manque de production de dopamine dans une certaine zone du cerveau, pour d'autres il s'agit d'une maladie liée à l'accumulation d'une protéine mal-formée: L'alpha-synucléine.

Le fer a peut-être un rôle particulier dans la maladie de Parkinson car il est nécessaire à l'enzyme limitant la production de dopamine. En effet celle-ci, la tyrosine hydroxylase, catalyze la conversion de l'amino acide L-tyrosine vers le L-3,4-dihydroxyphenylalanine (L-DOPA). Pour cela elle a besoin d'oxygène et de fer et aussi de tetrahydrobiopterine comme cofactors. L-DOPA est un precurseur de la dopamine, qui à son tour est un precurseur des neurotransmitters norepinephrine (noradrenaline) and epinephrine (adrenaline). enter image description here De même il existe une relation entre le métabolisme des glucides et celui du fer. Ce qui suggère qu'un métabolisme anormal des glucides puisse avoir une relation avec l'apparition de la maladie de Parkinson.

Les facteurs environnementaux qui se sont avérés liés au risque de maladie de Parkinson comprennent : * Les facteurs associés à un risque réduit de maladie de Parkinson sont le tabagisme, la consommation d'alcool, et la consommation de caféine. De façon moins claire on trouve aussi notamment la vitamine E, les flavinoïdes et le β-carotène ou encore la viande rouge. * Tandis que l'exposition aux pesticides ou aux herbicides et aux blessures à la tête1 sont associés à un risque accru de maladie de Parkinson. Il a également été suggéré que les produits laitiers pourraient augmenter le risque de maladie de Parkinson.

Il existe une relation bien établie entre le microbiome intestinal et la pathogenèse de la maladie de Parkinson. Certaines théories développées sur l'étiologie de la maladie de Parkinson, telles que l'hypothèse de Braak, affirment que la maladie de Parkinson peut commencer dans le système nerveux entérique de l'intestin avant de remonter jusqu'au cerveau. Ces théories sont étayées par des associations connues entre les problèmes gastro-intestinaux prodromiques et le biomarqueur caractéristique de la maladie de Parkinson, l'α-synucléine, dans le système nerveux entérique avant le diagnostic de la maladie de Parkinson.

Fer et maladie de Parkinson

Une accumulation accrue de fer dans des régions comme la substance noire et les noyaux gris centraux et une dyshoméostasie du métabolisme du fer sont des constatations courantes chez les patients parkinsoniens. Malgré cela, les recherches sur le fer alimentaire ont donné des résultats mitigés. Dans l’ensemble, l’apport alimentaire en fer ne semble pas être associé au risque de maladie de Parkinson, mais des analyses de sous-groupes dans les sous-populations occidentales et masculines ont révélé que, dans ces sous-groupes, le fer alimentaire était associé à une augmentation significative du risque de maladie de Parkinson.

Comme souvent, certaines études signalent que l'anémie est associée à un risque accru de maladie de Parkinson, tandis que d'autres rapportant le contraire. Ces résultats apparemment contradictoires peuvent suggérer une relation non linéaire dans lequel à la fois, des niveaux faibles et élevés de fer cérébral dans les circuits moteurs sont associés à un risque accru de maladie de Parkinson

Motivation

Bien que des travaux antérieurs aient étudié les habitudes alimentaires des patients atteints de maladie de Parkinson, cela ne fournit pas de compréhension mécaniste de la façon dont les différences alimentaires peuvent entraîner des profils de risque différentiels de maladie de Parkinson. Dans ce nouvel article, des chercheurs étudient les différences en matière de fer dans le cerveau liées aux facteurs alimentaires et liés au mode de vie liés au risque de maladie de Parkinson en utilisant un biomarqueur cérébral spécifique du fer de la maladie de Parkinson, qu'ils appellent PVS cérébral d'hémochromatose. Ce biomarqueur regroupe les signaux d'accumulation de fer provenant des IRM cérébrales T2-w des régions motrices, notamment le cervelet, le thalamus, le caudé et le putamen.

Les auteurs ont cherché à comprendre comment les facteurs alimentaires et ceux liés au mode de vie influence la présence de ce biomarqueur spécifique du fer et comment cela est lié au risque de maladie de Parkinson.

Leurs investigations montrent que les préférences alimentaires en faveur (bizarrement) de l'alcool et la consommation de produits frais sont associées à un risque réduit de maladie de Parkinson, et que l'apport alimentaire et les préférences en faveur des aliments sucrés sont associés à un risque accru de maladie de Parkinson.

Il semblerait qu'une relation existe dans laquelle les nutriments et les préférences alimentaires liés à des niveaux de fer cérébraux plus faibles seraient associés à un risque accru de maladie de Parkinson.

La dérégulation du fer est une caractéristique courante du maladie de Parkinson, et des essais cliniques de la chélation sont en cours comme voie de traitement potentielle pour le maladie de Parkinson et d'autres maladies neurodégénératives.

Par exemple les essais cliniques concernant le défériprone comme traitement de la neurodégénérescence associée à la pantothénate kinase, une maladie génétique liée à une accumulation accrue de fer dans le cerveau et à des symptômes liés au mouvement. Mais ces essais cliniques ont montré que le défériprone n'entraînait qu'une réduction très faible de la progression de la maladie.

Les essais sur la défériprone, un chélateur du fer, pour le traitement de la maladie de Parkinson ont donné des résultats mitigés. La aussi les essais ont montré une réduction de l'accumulation de fer dans certaines zones du cerveau, mais aucune amélioration significative des symptômes.

Sucres et glucides

Dans toutes leurs analyses, les scientifiques ont constaté que les facteurs liés aux glucides dans les préférences et l'apport nutritionnel estimé étaient associés à une diminution du PVS cérébral de l'hémochromatose, à une augmentation du risque de maladie de Parkinson.

La littérature suggère un effet bidirectionnel avec : * a) un taux élevé de fer influençant la régulation glycémique et augmentant le risque de diabète de type II, une maladie principalement causée par une altération aiguë de la régulation glycémique, * b) l'ingestion orale de glucose entraînant des modifications des facteurs du métabolisme du fer résultant en fer périphérique.

Le fer peut jouer un rôle dans le développement de la résistance à l’insuline. La littérature scientifique à ce jour, montre que la dérégulation glycémique et les maladies associées sont liées à un risque accru de maladie de Parkinson et à de pires résultats de la maladie de Parkinson.

Un métabolisme dérégulé du fer pourrait conduire à des envies inadaptées de glucides, ce qui pourrait déréguler conjointement le métabolisme du glucose et du fer, conduisant à une boucle de rétroaction. La dérégulation fragmentée du métabolisme du fer et du glucose peut expliquer pourquoi une manifestation occasionnelle de carence en fer comme le pika, incite à manger des aliments riches en glucides comme l'amidon, le riz non cuit et les pâtes non cuites.

Les sucres et les glucides peuvent également avoir un impact sur le risque de maladie de Parkinson et l’accumulation de fer au niveau du microbiome. Une forte préférence alimentaire pour les sucreries et les glucides peut augmenter les niveaux de bactéries pathogènes opportunistes pro-inflammatoires dans l’intestin, ce qui est fortement lié à un risque accru de maladie de Parkinson. Ce modèle alimentaire est également en corrélation avec la pathologie de la ɑ-synucléine, qui peut émerger d’un état intestinal dysbiotique et pro-inflammatoire.

Alcool

Il existe également une littérature importante selon laquelle la consommation d’alcool a un impact sur l’absorption et l’accumulation du fer. L’alcool peut entraîner une accumulation accrue de fer dans le cerveau82. L’alcool est connu pour réguler négativement la synthèse de l’hepcidine, une hormone régulatrice du fer, et, en cas de consommation excessive, peut provoquer une surcharge en fer chez des individus par ailleurs hémodynamiquement typiques. En particulier chez les personnes atteintes d’hémochromatose héréditaire, la consommation d’alcool est largement associée à de pires résultats en matière de santé. Des effets similaires sont observés dans d’autres troubles de surcharge en fer comme la bêta-thalasémie.

Exercice physique

Les auteurs ont constaté que les préférences liées à l'exercice sont associées de manière significative à une réduction du risque de maladie de Parkinson et à une réduction du fer cérébral, telles que mesurées avec le PVS cérébral de l'hémochromatose. Evidemment les principaux déficits moteurs de la maladie de Parkinson rendent l'activité physique moins attractive. Mais des niveaux d’activité modérés à élevés se sont avérés associés à un risque plus faible de développer une maladie de Parkinson plus tard dans la vie et les personnes atteintes de maladie de Parkinson qui déclarent une activité physique plus élevée ont une progression plus lente des symptômes et une meilleure qualité de vie.

Céréales et fruits

Les préférences pour les légumes et les fruits étaient associées à une diminution du risque de maladie de Parkinson et à aucune association significative avec le PVS. Ces résultats concordent avec les conclusions d’études antérieures selon lesquelles une consommation élevée de fruits et légumes est liée à un risque plus faible de maladie de Parkinson. Une consommation élevée de fruits et légumes pourrait expliquer une partie des effets protecteurs de la maladie de Parkinson observés dans le régime méditerranéen.

Les préférences liées aux céréales étaient associées à une réduction du fer cérébral. Ce résultat est surprenant étant donné que les céréales sont un véhicule courant pour l’enrichissement en fer. Similairement les grains de céréales peuvent contenir entre 50 et 80 % de glucides en poids, on pourrait donc penser que ce type de nourriture a un effet défavorable sur la maladie de Parkinson. Mais, les céréales et les produits laitiers, généralement consommés avec les céréales, sont riches en inhibiteurs de l'absorption du fer comme l'acide phytique et le calcium, qui réduisent la biodisponibilité du fer en chélatant et en cloîtrant le fer dans le tube digestif. L'interprétation actuelle des auteurs est que les niveaux plus faibles de fer dans le cerveau observés chez les individus préférant les céréales sont dus aux inhibiteurs de l'absorption du fer présents dans ces repas et que l'association qui est observée se produit malgré l'enrichissement en fer des céréales et non à cause de celui-ci.

Conclusion

En conclusion, c'est une étude intéressante, qui montre bien la complexité de la biologie humaine et que les maladies ne se réduisent pas à la carence ou l'excès de quelque molécule, contrairement à ce que le biologie moléculaire laisse entendre.


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